L'abstention s'annonce record pour les législatives
Le premier tour des législatives devrait être marqué par une abstention record, estimée entre 52,5 et 53%, qui devrait arbitrer l'affrontement entre la coalition soutenant Emmanuel Macron, en quête de la majorité absolue, et une percée attendue de la gauche alliée derrière Jean-Luc Mélenchon.
La participation au premier tour des élections législatives atteignait 39,42% dimanche à 17H00 en métropole selon le ministère de l'Intérieur, un chiffre en baisse de 1,3 point par rapport à 2017 où elle s'établissait à 40,75%. Elle est aussi largement inférieure, à la même heure, à celle des législatives de 2012 (48,31%), ainsi qu'à la participation du premier tour de la présidentielle de 2022 (65%).
Cinq instituts de sondage prévoient même pour 20H00 un nouveau record d'abstention pour un premier tour de législatives, estimée entre 52,5% et 53%, plus d'un point de plus que le précédent record de 2017 (51,3%).
Arnaud Misaine, créateur de jeux vidéos de 32 ans, explique lui avoir "peu voté aux législatives" jusqu’ici. Mais cette fois "J’ai eu l’impression qu’en votant, j’aurais plus d’impact, que ça serait plus utile", dit l’informaticien.
Dans le Puy-de-Dôme, au village de Saint-Georges-de-Mons, Frédéric Cordoba, 36 ans, et Audrey Mertz, 39 ans, ont voté pour la première fois de leur vie à l'élection présidentielle et récidivent pour ces législatives: "On a décidé de voter parce que la vie est devenue trop dure et on espère que cela fera changer les choses".
L'alliance de gauche Nupes (LFI, PCF, PS et EELV) se présente au coude à coude dans les intentions de vote avec Ensemble!, coalition macroniste de LREM/Renaissance, du MoDem et d'Horizons.
L'abstention touche en premier lieu les jeunes et les catégories populaires. A 17H00, ce dimanche, la Seine-Saint-Denis est le département ayant le moins voté (27,7%).
- une majorité relative ? -
A Douai (Nord), Micheline Delfosse, 90 ans, est allée voter dès 09H30. Ce qui compte pour cette retraitée dynamique, trottant derrière son chien, c'est avant tout "que les malades et les personnes âgées soient bien pris en compte".
Pour Henri Muceli, 53 ans, venu à vélo à son bureau de vote de Thionville (Moselle), il faudrait rendre le vote "obligatoire comme en Belgique".
Les derniers sondages publiés vendredi placent Ensemble! en tête en nombre de députés, mais pas nécessairement avec la majorité absolue -289 sièges sur 577- que la macronie détenait dans la précédente Assemblée nationale élue en 2017.
Si M. Macron n'obtenait qu'une majorité relative, il serait contraint de composer avec les autres groupes parlementaires pour faire approuver ses textes de loi.
C'est avec cet objectif en tête que M. Mélenchon n'a cessé de répéter qu'il voulait faire de ces législatives "un troisième tour" qui lui permettrait d'être "élu Premier ministre".
M. Macron a choisi lui de se poser, comme lors de la présidentielle, en rempart contre "les extrêmes".
En comptant la Première ministre Élisabeth Borne, quinze membres du gouvernement sont en lice aux législatives et devront quitter l'exécutif en cas de défaite, conformément à une règle non écrite mais déjà appliquée en 2017 par M. Macron.
En Guadeloupe où l'on votait dès samedi, la secrétaire d’État à la Mer Justine Benin (MoDem) est en ballottage favorable face au candidat Nupes Christian Baptiste.
Après que Marine Le Pen a engrangé plus de 40% des voix au second tour de la présidentielle, le Rassemblement national est, selon les derniers sondages, distancé par la Nupes et Ensemble! en vue des législatives. Il pourrait toutefois obtenir entre 20 et 40 députés, contre huit élus en 2017, et ainsi constituer un groupe parlementaire pour la première fois depuis 1986.
L'ex-candidat d'extrême droite à la présidentielle Éric Zemmour nourrit lui-aussi, dans le Var, l'espoir d'être élu député.
Enfin ces législatives s'annoncent à très haut risque pour la droite traditionnelle des Républicains (LR), dont la candidate Valérie Pécresse a obtenu moins de 5% des voix à la présidentielle.
Près de 6.300 candidats briguent les 577 sièges. Ceux qui ne seront pas élus dimanche soir devront, pour accéder au second tour du 19 juin, soit arriver dans les deux premiers de leur circonscription, soit obtenir les voix de 12,5% des électeurs inscrits.
(L.Chastain--LPdF)