Macron en Roumanie pour soutenir les troupes aux portes de l'Ukraine
Emmanuel Macron est arrivé mardi soir en Roumanie pour saluer les 500 soldats français qui y sont déployés depuis l'invasion russe de l'Ukraine, avant une visite de soutien à la Moldavie mercredi et un possible déplacement délicat à Kiev.
Ce déplacement vise à "soutenir nos soldats qui sont (...) mobilisés dans le cadre de l'Otan pour protéger notre frontière à l'est de l'Union européenne et éviter une extension de la guerre", a expliqué le président avant de quitter la France.
Il s'agit de sa première venue dans le sud-est de l'Europe depuis le début, le 24 février, du conflit déclenché par Moscou, qui "sème partout le désordre géopolitique" et "économique" selon lui.
Très attendue, sa visite en Ukraine pourrait se dérouler plus tard dans la semaine en compagnie du chancelier allemand Olaf Scholz et du Premier ministre italien Mario Draghi selon des médias à Berlin et Rome. Une information non confirmée par l'Elysée, qui précise que "rien n'est acté" à ce stade.
Emmanuel Macron, accompagné des nouveaux ministres des Affaires étrangères Catherine Colonna et de la Défense Sébastien Lecornu, a été accueilli à 20H00 (17H00 GMT) sur la base Mihail Kogalniceanu, à proximité de Constanta, le grand port roumain sur la mer Noire, un emplacement devenu extrêmement stratégique depuis le début de la guerre.
Comme les pays baltes ou la Pologne, "la Roumanie est en première ligne", résume l'Elysée.
- Mission Aigle -
Après avoir été salué par le Premier ministre Nicolae Ciuca et d'autres hauts responsables roumains, le chef de l'Etat a prévu de discuter avec les forces de la mission Aigle, lancée dans le cadre du renforcement par l'Otan de "sa posture dissuasive et défensive sur son flanc est de l'Europe".
Nation cadre de cette opération, la France déploie 500 militaires, dont 350 de l'armée de Terre, issus de différentes unités, dont le 27e Bataillon de chasseurs alpins d'Annecy ou le 126e Régiment d'infanterie de Brive. Ils forment le "Spearhead Battalion" (Bataillon "fer de lance") avec 300 soldats belges, qui seront remplacés par des Néerlandais dans les prochains mois.
Rejoint mercredi matin sur la base par le président roumain Klaus Iohannis, Emmanuel Macron exprimera "un message très clair de notre engagement auprès des alliés de l'Otan et des partenaires européens", selon l'Elysée, qui insiste sur "l'investissement très significatif" qu'il représente. La France y a récemment déployé un système de défense sol-air de dernière génération.
Depuis fin février, "nous avons réussi à devenir très rapidement une force opérationnelle", se félicite le commandant du bataillon, le colonel Vincent Minguet, en saluant l'excellente collaboration avec les soldats belges, mais aussi les quelque 2.000 militaires américains présents sur la base.
La mission Aigle continuera à monter en puissance avec 1.000 militaires au total et le renfort de chars Leclerc d'ici la fin de l'année.
- Soutien à la Moldavie -
Mercredi à la mi-journée, le chef de l'Etat sera reçu à Chisinau, la capitale de la Moldavie, par la présidente Maia Sandu, avec laquelle il a développé "une relation de confiance" après l'avoir reçue à trois reprises à l'Elysée depuis février 2021.
Premier président français à visiter ce pays depuis Jacques Chirac en 1998, Emmanuel Macron, avec Catherine Colonna, exprimera le "soutien (de la France) de la manière la plus directe possible" à cette ancienne République soviétique, particulièrement affectée par l'invasion russe de l'Ukraine, avec qui elle dispose d'une frontière commune.
Pour cela, la France aide financièrement et matériellement la Moldavie, qui fait preuve d'une "solidarité exceptionnelle" dans l'accueil des réfugiés ukrainiens: plus de 480.000 s'y sont rendus et 80.000 y sont toujours.
Peuplé de 2,6 millions d'habitants, ce pays, l'un des plus pauvres d'Europe, a déposé début mars sa candidature pour intégrer l'Union européenne, tout comme l'Ukraine et la Géorgie. Des demandes sur lesquelles se prononcera la Commission européenne d'ici la fin de la semaine avant d'être discutées au sommet européen des 23 et 24 juin à Bruxelles.
Lors de sa visite à Paris en mai, la présidente Sandu avait publiquement salué "l'initiative" lancée par Emmanuel Macron de créer une communauté politique européenne, qui permettra selon elle à son pays d'"accélérer" son entrée dans l'UE.
(R.Dupont--LPdF)