Le Pays De France - Aux Etats-Unis, les petits fabricants d'armes en plein essor malgré les violences

Paris -
Aux Etats-Unis, les petits fabricants d'armes en plein essor malgré les violences
Aux Etats-Unis, les petits fabricants d'armes en plein essor malgré les violences / Photo: © AFP

Aux Etats-Unis, les petits fabricants d'armes en plein essor malgré les violences

L'un de ses clients lui a commandé une arme à feu personnalisée à la naissance de chacun de ses enfants: soutenus par la demande, les fabricants indépendants d'armes à feu, comme l'entreprise de Tony Hook, dans le nord-est des Etats-Unis, sont en plein essor et se font une place à côté des géants du secteur.

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"Voici donc le nom de son fils et sa date de naissance" gravés sur un fusil, montre le patron de RTD Arms & Sport sur son téléphone, dans son atelier situé à Goffstown, dans l'Etat du New Hampshire.

"C'est comme si vous cousiez votre nom sur votre gant de baseball ou que vous faisiez faire des rayures personnalisées sur votre voiture", explique le patron, en ajoutant que la possibilité de personnaliser l'objet attire une clientèle qui n'aurait "auparavant jamais pensé" s'acheter une arme.

- Production triplée -

Les millions d'armes à feu produites chaque année aux Etats-Unis le sont en majorité par les mastodontes du secteur, mais de plus en plus de petits opérateurs ont afflué sur un marché dont la production a presque triplé entre 2000 et 2020, pour atteindre 11,1 millions d'unités annuelles.

Ces nouveaux venus peuvent produire des pièces destinées à de grandes entreprises comme Sig Sauer ou Smith & Wesson, à des passionnés et à des armureries, ou fabriquer eux-mêmes des armes spécialisées ou personnalisées.

Les récentes tueries de Buffalo (10 morts afro-américains dans un supermarché le 14 mai) et de l'école primaire d'Uvalde au Texas (19 enfants et deux enseignantes tués) ont rouvert le débat sur le fléau des violences par armes à feu, qui cause environ 40.000 morts par an dans le pays, dont près de deux tiers de suicides.

Mais la culture des armes à feu est enracinée dans l'histoire du pays, et le droit d'en posséder garanti par la Constitution.

En conséquence, le marché est tentaculaire. Selon une organisation professionnelle du secteur, NSSF, l'industrie américaine des armes à feu et des munitions a représenté 70 milliards de dollars en 2021. Chez RTD Arms & Sport, un fusil peut coûter entre 1.295 et 1.695 dollars.

Selon les statistiques fédérales américaines, le nombre de permis dits de "type 7", qui autorisent la production et la vente d'armes a augmenté de plus de 694 % entre 2000 et 2020.

Pour obtenir ces permis, les demandeurs doivent fournir photo et empreintes digitales. Et le gouvernement fédéral procède à une vérification des antécédents et à un entretien en personne.

- "Le problème, ce sont les gens" -

Dans le New Hampshire, Matrix Arms est l'un de ces fabricants, et son patron Allen Farris juge le marché saturé depuis au moins six ans.

Pourtant, l'activité de son entreprise se maintient, comme le montre la rangée de machines produisant des pièces d'armes à feu.

Chaque semaine, l'entreprise produit entre 4.300 et 5.300 récepteurs de fusils, indique M. Farris. "La devise de l'Etat du New Hampshire est +Vivre libre ou mourir+ et je pense que l'industrie des armes à feu y est fidèle", ajoute-t-il.

Tony Hook et Allen Farris l'assurent: ils ne veulent absolument pas que les armes qu'ils vendent servent à commettre un crime ou une tuerie. De même, ils assurent respecter la loi -- et Tony Hook dit se fier à son instinct lorsqu'il s'agit de signaler aux autorités une personne à risque.

Mais pour eux, les armes ne sont pas le problème.

"Le problème, ce sont les gens. Que ce soit une arme à feu, un couteau ou une pierre... Caïn n'a pas tué Abel avec une arme à feu. Il l'a tué avec une pierre", déclare Tony Hook.

Allen Farris ajoute: "Si quelqu'un a envie de sortir et essayer de tuer des gens, il pourrait choisir un million de façons différentes".

"Evidemment, je ne veux pas que mes armes soient utilisées de cette façon, mais il n'y a rien que je puisse faire pour l'empêcher quand ça arrive", ajoute-t-il.

(Y.Rousseau--LPdF)