Le Pays De France - Ukraine: les Russes avancent dans l'est, Kiev attend sa candidature à l'UE

Paris -
Ukraine: les Russes avancent dans l'est, Kiev attend sa candidature à l'UE
Ukraine: les Russes avancent dans l'est, Kiev attend sa candidature à l'UE / Photo: © AFP

Ukraine: les Russes avancent dans l'est, Kiev attend sa candidature à l'UE

Les Russes continuent d'avancer vers Lyssytchansk, une ville industrielle stratégique de l'Est ukrainien que leur artillerie "détruit complètement", ont indiqué mercredi les responsables Ukrainiens, à la veille d'un sommet européen où Kiev espère obtenir le statut officiel de candidat à l'UE.

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“Les Russes s'approchent de Lyssytchansk, prennent pied dans les villes voisines et bombardent la ville avec leurs avions", a affirmé dans la matinée sur Telegram Serguiï Gaïdaï, le gouverneur de la région de Lougansk, épicentre du conflit ces dernières semaines.

"L'armée russe pilonne (aussi) Lyssytchansk avec son artillerie et ses tanks", a-t-il ajouté. Si les Ukrainiens contrôlent encore la ville, le déluge de feu russe y "détruit tout", avait-il déclaré quelques heures auparavant.

Juste de l'autre côté de la rivière Donets, rivière infranchissable depuis que les ponts y ont été détruits "les combats continuent dans les rues" de Severodonetsk, a-t-il souligné.

La poche de résistance ukrainienne autour de Lyssytchansk et Severodonetsk est la seule qui échappe encore aux forces russes dans la région de Lougansk, où les violents combats d'artillerie durent depuis des semaines.

Bombardée par les Russes depuis des semaines, Severodonetsk est une étape clé dans leur plan de conquête de l'intégralité du Donbass, bassin de l'est ukrainien essentiellement russophone et en partie tenue par des séparatistes prorusses depuis 2014.

Sur place, "c'est l'enfer", estime le gouverneur Gaïdaï, mais "nos hommes tiennent leurs positions et continueront à le faire autant que nécessaire".

"Les Russes détruisent complètement les maisons, jusqu'aux fondations, avec leur artillerie”, a déclaré mercredi à la télévision ukrainienne le chef de l'administration de la ville, Oleksandr Stryuk, en estimant qu'il reste "7/8.000 habitants" dans cette localité industrielle qui en comptait environ 100.000 avant la guerre.

- "Personne ne peut survivre" -

Sur le plan diplomatique, à Kiev, le président ukrainien Volodymyr Zelensky, en plus de réclamer davantage de livraisons d'armes lourdes à ses alliés occidentaux, s'active pour s'assurer que les 27 pays de l'Union européenne accorderont à l'Ukraine le statut officiel de candidat à l'UE jeudi lors d'un sommet prévu à Luxembourg.

Son optimisme a été conforté par les propos du ministre des Affaires européennes français Clément Beaune, dont le pays assure la présidence tournante du Conseil de l'UE et qui a indiqué qu'un "consensus total" entre les Vingt-Sept avait émergé mardi sur cette question lors d'une réunion avec ses homologues à Luxembourg.

Mardi, le ton était monté entre Moscou et un membre de l'UE, la Lituanie, après que cette ex-république soviétique a imposé des restrictions sur le transit ferroviaire de marchandises frappées par les sanctions européennes contre la Russie en direction Kaliningrad, une enclave russe sur la Baltique.

Des "actes hostiles", a jugé Nikolaï Patrouchev, secrétaire du Conseil de sécurité russe, lors d'une visite sur place. "Des mesures appropriées" seront "adoptées prochainement" en représailles, et auront "de sérieuses conséquences négatives pour la population de la Lituanie", a-t-il promis.

Sur le plan de l'armement, Kiev s'était félicitée mardi de l'arrivée de canons automoteurs allemands Panzerhaubitze 2000 qui viennent compléter son arsenal.

Dans le Donbass (est), principale ligne de front avec le sud, depuis le retrait des forces russes des environs de Kiev fin mars, les Russes "contrôlent" désormais le village de Tochkivka, à quelques kilomètres de Severodonetsk et Lyssytchansk, avait reconnu mardi le chef du district de Severodonetsk, Roman Vlasenko.

Après le bombardement la semaine dernière de Lyssytchansk, Alla Bor, professeure d'histoire, s'est résolue à fuir avec son gendre et son petit-fils. "J'ai pris peur. Nous abandonnons tout et partons. Personne ne peut survivre à une telle frappe", a-t-elle expliqué à des journalistes de l'AFP.

"Nous avons tout abandonné, nous quittons notre maison. Nous avons laissé notre chien avec de la nourriture. C'est inhumain, mais que pouvons-nous faire?", se lamente-t-elle.

- Refus d'évacuer -

Une équipe de l'AFP a vu des soldats ukrainiens creuser une tranchée devant servir de poste de tir dans une rue du centre de Lyssytchansk et ériger des barricades avec des barbelés et des branches.

"De nombreux habitants qui sont restés attendent le monde russe", explique Jaconda, faisant allusion à la volonté du président russe Vladimir Poutine de restaurer l'influence russe dans les régions limitrophes de la Russie.

A Severodonetsk, "les combats font rage autour de la zone industrielle" où, d'après les autorités locales, 568 personnes dont 38 enfants - essentiellement des employés et leurs familles - sont désormais réfugiées à l'intérieur de l'usine Azot, selon le chef du district de Severodonetsk, Roman Vlasenko.

Ils refusent d'évacuer, selon M. Gaïdaï, qui a assuré qu'ils reçoivent de la nourriture, de l'eau et quelques médicaments de base. Selon lui, "ils pourront évacuer s'il y a un accord au plus haut niveau" entre belligérants, avec "une cessez-le-feu et une route clairement définie".

Le président ukrainien a exhorté son armée à "tenir", jugeant que l'issue de la guerre dépendrait de sa résistance et de sa capacité à freiner l'armée russe et à lui infliger des pertes.

Dans la grande ville de Kharkiv (nord-est), le gouverneur Oleg Synegoubov a annoncé sur sa chaîne Telegram que 15 personnes, dont un enfant de huit ans, ont été tuées mardi et 16 blessées sous le feu de l'artillerie russe.

Plusieurs villes du Donbass encore sous le contrôle de Kiev se préparent à une nouvelle avancée des troupes russes, comme Sloviansk et Kramatorsk, à l'est de Severodonetsk.

Mardi soir à Washington, un porte-parole de la Maison Blanche, John Kirby, a par ailleurs jugé "effroyable" que Moscou évoque la possibilité d'imposer la peine de mort à deux Américains capturés par la Russie en Ukraine, et confirmé qu'un deuxième ressortissant américain avait été tué au combat dans ce pays.

burx/emd/pz

(R.Lavigne--LPdF)