Le Pays De France - Entretien Poutine-Biden attendu, Washington craint une invasion imminente de l'Ukraine

Paris -
Entretien Poutine-Biden attendu, Washington craint une invasion imminente de l'Ukraine

Entretien Poutine-Biden attendu, Washington craint une invasion imminente de l'Ukraine

Navette diplomatique: Vladimir Poutine s'entretient samedi avec ses homologues américain et français, Washington martelant, malgré les dénégations russes et les appels au calme ukrainiens, qu'une invasion de l'Ukraine pourrait être une question de jours.

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Alors que de nombreux pays occidentaux ont demandé à leurs ressortissants de quitter l'Ukraine, Moscou a ajouté à l'inquiétude en annonçant y réduire son personnel diplomatique, arguant de possibles "provocations" occidentales ou ukrainiennes.

L'invasion russe est présentée comme potentiellement imminente par Washington, car la Russie a déployé plus de 100.000 hommes aux frontières ukrainiennes, et mène aussi des manoeuvres en mer Noire et au Bélarus, encerclant de facto son voisin pro-occidental.

Pour autant, les efforts diplomatiques se poursuivent et les sonneries téléphoniques retentissaient de plus belle samedi.

Les Occidentaux veulent arracher un signe de désescalade à la Russie, qui réclame la fin de l'expansion de l'Otan et du soutien à l'Ukraine, comme des "garanties de sécurité" non-négociables. Mais chaque camp rejette les exigences de l'autre.

Le président russe a dénoncé des "spéculations provocatrices" lors de son entretien avec Emmanuel Macron samedi après-midi qui a duré pendant 1H40 selon l'Elysée.

La présidence française n'a pas évoqué de percée, indiquant que M. Macron avait averti son homologue qu'un "dialogue sincère n'était pas compatible avec une escalade" militaire. Elle a néanmoins relevé que les deux dirigeants voulaient "poursuivre le dialogue" sur "les conditions de la sécurité et de la stabilité en Europe" et d'une paix en Ukraine.

L'entretien intervient après leur rencontre lundi à Moscou, à l'issue de laquelle le Français avait estimé avoir réussi à "avancer" pour faire baisser la tension.

M. Poutine doit encore parler à Joe Biden dans la soirée, la discussion a été précédé par celles du secrétaire d'Etat américain Antony Blinken et de son homologue Sergueï Lavrov, et des ministres de la Défense.

Mais le ton des responsables des diplomaties russe et américaine reste crispé.

M. Lavrov a accusé les Etats-Unis de mener "une campagne de propagande (...) sur +une agression russe+" afin d'encourager Kiev à attaquer les séparatistes prorusses dans l'Est ukrainien.

- Pas de panique -

Le secrétaire d'Etat a indiqué, selon son porte-parole, que la voie diplomatique "nécessiterait une désescalade de Moscou".

Moscou a annoncé

L'ambassade américaine à Kiev a ordonné samedi le départ de l'essentiel de son personnel, relevant qu'une offensive russe pouvait "commencer à tout moment et sans avertissement". Quelque 160 soldats américains qui entraînaient les forces ukrainiennes doivent aussi partir.

Vendredi, la Maison Blanche avait dit qu'une offensive russe dans les jours à venir était une "possibilité très, très réelle", à l'issue d'une rencontre virtuelle de dirigeants occidentaux dont Washington a salué l'unité face à Moscou.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a lui une nouvelle fois jugé les déclarations américaines trop alarmistes.

"Toutes ces informations (quant à une éventuelle attaque) ne font que provoquer la panique et ne nous aident pas", a-t-il dit.

A Kiev, des milliers de manifestants ont défilé samedi, disant refuser de céder à la panique justement, même s'ils prennent la menace au sérieux.

"La panique, ça sert à rien. Il faut s'unir et lutter pour notre indépendance", déclare l'étudiante Maria Chtcherbenko, tenant une pancarte "Je reste calme. J'aime l'Ukraine".

- Appels au départ -

La liste des pays appelant leurs ressortissants à partir ne cesse elle de s'allonger, avec notamment les Etats-Unis, l'Allemagne, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, le Canada, la Norvège ou encore l'Australie, le Japon et Israël.

Moscou a aussi rappelé une partie de son personnel diplomatique, affirmant craindre des "provocations" adverses.

Ajoutant aux tensions, la Russie a lancé samedi de nouvelles manoeuvres navales en mer Noire pour s'exercer à "défendre" la Crimée, péninsule annexée en 2014. Le ministère de la Défense a par ailleurs affirmé que la marine russe avait chassé un sous-marin américain de ses eaux dans l'océan Pacifique samedi matin.

Les pourparlers des derniers jours n'ont donc pas permis de désamorcer les tensions, même si la rencontre entre MM. Macron et Poutine lundi a constitué une lueur d'espoir et que le chancelier allemand Olaf Scholz doit reprendre le flambeau, en allant à Kiev lundi et à Moscou mardi.

Les Occidentaux excluent d'engager leurs armées en cas de guerre, mais ont prévu des représailles économiques dévastatrices.

Cette crise est, selon les Occidentaux, la plus dangereuse en Europe depuis la fin de la Guerre froide, accusant la Russie de vouloir réimposer sa volonté aux pays ayant quitté sa sphère d'influence.

Les Américains ont déjà esquissé le scénario de l'offensive russe, évoquant de probables " bombardements aériens et des tirs de missiles" et un assaut possible contre la capitale Kiev, selon la Maison Blanche.

Vendredi, le Kremlin a relevé que des discussions réunissant des représentants de la Russie, de l'Ukraine, de l'Allemagne et de la France n'avaient produit "aucun résultat" quant au conflit au Donbass qui oppose depuis 2014 des séparatistes appuyés par Moscou à l'armée ukrainienne qui a fait plus de 14.000 morts.

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(A.Laurent--LPdF)