XV de France: "Pas de recette magique" pour le Grand Chelem
Pour réussir un Grand Chelem, le premier du XV de France depuis 2010, "il n'y a pas de recette magique", estiment de glorieux anciens, qui livrent tout de même aux Bleus de 2022 les ingrédients du succès.
Après avoir dominé l'Italie (37-10) et l'Irlande (30-24) puis survécu à deux déplacements en Ecosse (36-17) et au pays de Galles (13-9), le XV de France doit désormais battre l'Angleterre samedi prochain pour décrocher son 26e titre dans le Tournoi et son 10e Grand Chelem.
Mais, pour atteindre le Graal, "il n'y a pas de secret, pas de formule miracle", affirme William Servat, Chelemard en 2004 et 2010.
L'ancien talonneur (49 sélections), aujourd'hui en charge des avants du XV de France, compare les Bleus de 2022 à "une bande de copains".
"Ce n'est pas qu'une image, c'est la réalité: on a une vraie équipe, une vraie solidarité. Ce qui nous donne les moyens de trouver les ressources sur les moments difficiles, les moments où on peut avoir des doutes...", estime encore Servat.
Il est rejoint dans son analyse par Fabien Pelous, recordman de sélections avec les Bleus (118 entre 1995 et 2007) et un des deux Français avec Olivier Magne à avoir réalisé le Grand Chelem à quatre reprises.
- "Coup de pouce du destin" -
"S'il y avait une recette, on l'appliquerait tous les ans. Mais il y a des ingrédients: la qualité des adversaires, les circonstances, un peu de réussite aussi... Le match contre l'Irlande ne se joue pas à grand-chose: si cet ailier prend le ballon à la 77e minute... Mais il ne le prend pas (en-avant de l'Irlande à la 79e minute, ndlr) et ça permet de poursuivre l'aventure, de maintenir l'espoir", détaille Pelous pour l'AFP.
"C'est souvent comme ça quand ça se passe, il y a un match avec un petit coup de pouce du destin, des choses qui font que ça passe", estime ainsi l'ancien deuxième ligne international, 42 fois capitaine des Bleus, Chelemard en 1997, 1998, 2002, 2004.
"Réussir cinq matches parfaits, c'est compliqué. Il faut aligner les planètes avec des joueurs susceptibles de gagner les matches, quelques petites circonstances qui font basculer un match et, enfin, l'état d'esprit", se souvient l'ancien Toulousain.
Gonzalo Quesada, actuellement entraîneur en chef du Stade français mais qui était dans le staff français lors du sacre de 2010, loue également "une fraîcheur, un état d'esprit, un groupe qui exprime quelque chose".
Même son de cloche du côté de Raphaël Ibanez. Selon l'actuel manager des Bleus, vainqueur de quatre Tournois, dont deux avec le Grand Chelem à la clé (1998, 2002), "il faut s'appuyer sur les expériences qu'on a vécues avec ce groupe depuis deux ans".
- Expérience collective -
"Aujourd'hui, au niveau du staff et des joueurs, il y a assez d'expérience pour savoir que tous les points comptent dans un Tournoi des six nations. Les deux derniers Tournois nous ont démontré que tous les points comptaient. Un Tournoi demande de la concentration quels que soient les adversaires", a-t-il ainsi confié à l'AFP.
Et malgré les succès récents, les coéquipiers d'Antoine Dupont ne doivent pas s'enflammer. "Il ne faut pas se laisser bercer par les commentaires. Le Tournoi, c'est LA compétition majeure. C'est le jugement de paix pour le rugby international de l'hémisphère nord. Forcément, cela suscite énormément d'enthousiasme, énormément d'excitation autour des matches et donc de commentaires divers et variés", estime encore l'ancien talonneur.
"Pour gagner un Tournoi, ce qui compte, c'est l'action, c'est le terrain: il faut de la concentration de tous les instants dans la préparation des matches et un supplément d'âme qui permet d'aller décrocher les étoiles", a assuré Ibanez. Verdict samedi.
(A.Laurent--LPdF)