Sur la route des Jeux: "Bowman m'a répondu" en "quinze minutes", raconte Léon Marchand
Jeune talent de la natation française, Léon Marchand vit de premiers mois prometteurs auprès de l'ancien mentor de Michael Phelps, Bob Bowman, qu'il a rejoint aux Etats-Unis après les JO de Tokyo. Il vient de valider à distance sa qualification pour les Mondiaux-2022, ses premiers.
Jusqu'aux Jeux de Paris en 2024, le Toulousain, 20 ans dans un mois, raconte son parcours à l'AFP. Dans ce premier épisode, il revient sur son choix, arrêté fin 2020, d'opter pour l'université d'Arizona State. "Ce qui a fait pencher la balance, c'est l'entraîneur", explique le spécialiste du 4 nages qui ne participe pas aux Championnats de France cette semaine à Limoges.
L'envie de tenter l'aventure à l'étranger "est venue au fil des années. Je me suis rendu compte qu'en France, c'était assez compliqué de faire des études et du sport de haut niveau. Et puis j'avais envie de voir autre chose que la culture française. Et surtout d'aller vers les meilleurs. C'est un projet de quatre ans."
"J'ai envoyé des demandes à plusieurs universités (américaines). Les plus grosses, Berkeley, Stanford: c'était du lourd ! J'ai reçu beaucoup de réponses positives, donc on a continué à avancer avec ces universités. Et au bout de quelques semaines, deux, trois ont commencé à me dire: +En fait, on n'est pas sûr d'avoir de bourse+. (...) Moi, je voulais que ce soit simple, et on ne pouvait pas payer une université américaine. Du coup, il a fallu changer de stratégie. En une soirée, on a fait nos recherches, j'ai envoyé d'autres mails, dans des universités sympas, que j'aimais bien, en Californie, où il y avait du soleil et une piscine extérieure... Dont Arizona State, coachée par Bob Bowman."
- "Un passé énorme" -
"Normalement, ce sont les assistants qui répondent aux mails, et genre quinze minutes après, Bob m'a répondu. J'ai vu +Robert Bowman+, et j'ai dit +Mais c'est lui ça ?+ C'était assez fou. Surtout qu'il disait qu'il était hyper intéressé, qu'il avait regardé mes courses, qu'il avait envie que je vienne en fait. C'était une bonne soirée !"
"C'était vachement surprenant. Vraiment, le soir où j'ai reçu ça, je me suis dit: +Ah oui quand même ! En fait, j'ai nagé vite pour que lui puisse me remarquer+."
S'entraîner avec Bowman, "c'est une chance: c'est un entraîneur qui a un passé énorme, en qui j'ai énormément confiance. Forcément c'est un plus. Disons que je mets toutes les chances de mon côté pour réussir."
"Cette soirée-là, j'ai envoyé plein de mails, mais j'en ai reçu beaucoup aussi (...) J'hésitais un peu entre plusieurs universités, et ce qui a fait pencher la balance, c'est l'entraîneur. Et l'ambiance: ils se prenaient moins de haut, c'était plus cool, plus posé."
- "Je ne suis pas Phelps" -
"A Arizona State, il y a pas mal d'étrangers, on s'entraîne plus en grand bain. Et Bowman est réputé pour faire nager beaucoup, comme le TOEC (le club de Toulouse) où j'étais depuis tout petit. Je suis habitué. J'aurais pu choisir une autre université, plus (orientée) sur le sprint, avec plus de muscu, un travail différent, mais je préfère rester sur ça, parce que, pour l'instant, je progresse avec ça. Peut-être que plus tard, si je me mets sur les courses plus courtes, comme le 100 m +pap+ ou le 50 m, ce sera différent."
Son regard sur Phelps ? "C'est un extraterrestre. Il a 28 médailles olympiques, dans toutes les courses, c'est un truc de fou ! C'est une idole un peu. Et savoir qu'il a travaillé avec un entraîneur que je côtoie, c'est sympa."
Mais "je n'ai pas envie qu'on me compare tout le temps à Phelps. Je suis très, très loin de lui. Et Bowman n'a pas eu que Phelps, il a eu plein d'autres monstres. Disons que j'ai envie de créer ma propre voie, je n'ai pas envie de suivre celle de Phelps."
Quand Marchand était encore à Toulouse, Bowman lui envoyait "parfois des séries" que nageait son illustre élève en son temps. "Un truc vraiment sympa ! C'est comme une inspiration. Le but, ce n'est pas forcément de faire comme Phelps, parce que je ne suis pas Phelps, mais de voir un peu comment il a pu arriver à ça. Franchement, maintenant je comprends : il faisait des semaines, c'était un truc de fou !"
(H.Leroy--LPdF)