Quand l'insécurité empêche les stars du football de revenir en Amérique du Sud
Enlèvements de proches, fusillades, extorsions, menaces: l'insécurité est un frein puissant au désir de nombreuses vedettes sud-américaines du ballon rond de finir leur carrière sur le continent où ils ont débuté.
Dans des pays à la santé économique parfois précaire et souvent gangrénés par la drogue et la criminalité, plusieurs affaires récentes ont marqué les esprits.
Mais le phénomène n'a rien de nouveau, et les Argentins Gabriel, Diego Milito et Carlos Tevez ou le Brésilien Luis Fabiano en ont eux aussi été les victimes par le passé, sans pour autant renoncer à revenir dans leur pays respectif.
Angel Di Maria, lui, devrait s'abstenir: alors qu'il avait clamé plusieurs fois son rêve de revenir jouer à Rosario, où il a débuté, l'ex-ailier argentin du Paris Saint-Germain, aujourd'hui au Benfica Lisbonne, écarterait désormais cette idée, selon la chaîne de télévision TyC Sports, pour "accorder la priorité à la sécurité et à la santé de sa famille".
Fin mars, des proches du joueur avaient reçu un message de menaces, lancé depuis une voiture par-dessus l'entrée du quartier fermé de Funes, à la périphérie de Rosario, où Di Maria possède une résidence. Sans en révéler le contenu, les autorités avaient évoqué des menaces émanant d'"organisations criminelles cherchant à semer le trouble dans l'opinion publique".
- Retenu 12 jours par la guérilla -
Rosario, à 300 km de Buenos Aires, est considérée comme la ville la plus dangereuse d'Argentine, avec un taux d'homicide de 22 pour 100.000 habitants, cinq fois supérieur au taux national.
Grand port fluvial d'export céréalier, Rosario est aussi un lieu de transit pour la drogue venue de pays voisins, qui a ruisselé depuis des années dans un narcotrafic local fait de petites bandes, aux fusillades et extorsions fréquentes.
Dans la même ville, un supermarché appartenant à des proches d'Antonela Roccuzzo, l'épouse de la superstar Lionel Messi également natif de Rosario, avait aussi été la cible de coups de feu l'an passé.
A l'automne 2023, le père de l'ailier colombien de Liverpool Luis Diaz a quant à lui été détenu pendant 12 jours par la guérilla de l'ELN (Armée de libération nationale), dans une région montagneuse à la frontière avec le Venezuela, avant d'être libéré sous la pression du gouvernement, en pleine négociations de paix avec la guérilla.
Meilleur buteur des "Cafeteros" colombiens, l'ex-attaquant de Monaco Radamel Falcao, qui évolue aujourd'hui en Espagne, envisageait alors de revenir aux Millonarios de Bogota, où il a joué en junior, mais l'enlèvement de Manuel Diaz l'a fait hésiter.
"Il faut regarder la situation du pays en ce moment, c'est un peu complexe (...) Ce sont des choses négatives qui vous font réfléchir et peut-être vous freinent", a expliqué "El Tigre" à la chaîne Telepacifico.
Au Pérou, la mère de l'attaquant international Paolo Guerrero, qui a joué au début des années 2000 au Bayern Munich, a de son côté été victime d'extorsion, un des délits les plus communs en Amérique du Sud.
- "Etat de guerre" en Equateur -
En février 2024, Guerrero, 40 ans, est revenu dans son pays, en signant avec l'Universidad César Vallejo. Des membres d'une bande criminelle ont alors envoyé des messages menaçants à sa mère, pour tenter de lui soutirer de l'argent.
Après avoir un moment envisagé de rompre son contrat, Guerrero est finalement resté, en exigeant des garanties de sécurité, et la bande qui menaçait sa mère a été démantelée.
En Equateur, gangréné par le narcotrafic, le crime organisé et la corruption, le président Daniel Noboa a déclaré en janvier 2024 son pays en "état de guerre" contre les bandes criminelles.
La crise sécuritaire a douché les vélléités de retour de l'attaquant Enner Valencia, meilleur buteur de l'histoire de sa sélection, qui rêvait de revêtir de nouveau les couleurs de l'Emelec de Guayaquil, grand port du sud-ouest du pays où les fusillades et les exécutions sont quasiment quotidiennes.
"J'adorerais aller à l'Emelec, essayer d'aider cette équipe qui m'a tout donné, mais je n'emmènerais pas ma famille en Equateur, et je n'irais pas moi-même en Equateur maintenant", a dit en août 2023, quelques jours après le meurtre d'un candidat à la présidentielle, le joueur passé notamment par West Ham et Fenerbahçe.
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(H.Leroy--LPdF)