Foot: l'AS Saint-Etienne près de passer sous pavillon canadien
Après plusieurs tentatives infructueuses pour trouver un repreneur, l'AS Saint-Etienne, 3e de Ligue 2, a annoncé lundi être entrée en négociations exclusives avec la société canadienne Kilmer Sports Ventures (KVS), spécialisée dans les investissements dans le sport et les médias.
Le Comité social et économique (CSE) de l'ASSE doit se réunir mercredi en réunion extraordinaire pour examiner cette offre de reprise de l'intégralité du club.
L'ordre du jour ne comprend pas de point "relatif à un éventuel Plan de sauvegarde de l’emploi au sein de l’entreprise", qui compte 270 salariés (210 en équivalent temps-plein), joueurs, joueuses et centre de formation compris, selon la direction du club.
Une réunion du conseil d’administration de la société ASSE Groupe, holding qui contrôle la SASP AS Saint-Etienne, est également prévue mercredi, selon la même source.
KVS est une division de la société d'investissement Kilmer Group, une firme de Toronto spécialisée dans les placements privés, l'immobilier et le secteur des sport et des médias. Le président et fondateur, le Canadien Lawrence Tanenbaum, 78 ans, est impliqué depuis plusieurs années dans le monde des sports, basket, hockey et football.
Il est actionnaire et président du conseil d'administration de Maple Leaf Sports & Entertainment Ltd. (MLSE), un conglomérat canadien qui possède la franchise de hockey des Maple Leafs de Toronto, de l'équipe de basket-ball de la NBA des Raptors de Toronto, du club de football américain des Argonauts de Toronto, du club de football du Toronto FC et de la franchise de hockey sur glace des Marlies de Toronto.
- Gazidis, futur président ? -
Ivan Gazidis, ancien dirigeant d'Arsenal et de l'AC Milan âgé de 59 ans, a été nommé directeur général de Kilmer Sports Ventures le 5 mars. Si la cession se finalise, ce Grec d'origine né à Johannesburg et qui a grandi en Angleterre, pourrait être porté à la tête du club stéphanois.
Selon une source proche du dossier, Jean-François Soucasse, président exécutif de l'ASSE depuis juillet 2021, devrait rester à son poste, du moins dans un premier temps. KSV devrait lui associer deux collaborateurs en tant que relais sur place de Gazidis, qui deviendrait néanmoins le nouvel homme fort du club.
Selon les dispositions du droit français, la cession pour laquelle les discussions ont débuté en novembre, ne pourra pas être officialisée avant un mois environ, le temps pour les salariés de rendre un avis.
Bien loin de leurs heures de gloire, les Verts cherchent depuis plusieurs années un repreneur mais leurs dirigeants ont essuyé quelques revers.
- A vendre -
En 2018, le club était ainsi déjà entré en négociations exclusives avec le fonds américain Peak 6 qui s'est retiré quelques jours avant la fin de la période d'exclusivité.
Par la suite, l'AS Saint Etienne a été remise officiellement en vente en 2021 sous la pression des groupes de supporters et de la municipalité. A l'époque, le maire Gaël Perdriau, avait appelé à "un nouveau souffle" suscitant l'intérêt de candidats plus ou moins sérieux, voire farfelus.
Des investisseurs étrangers tels l'Américain David Blitzer ou le Russe Sergeï Lomakin, des Français comme Jacques Pauly, un homme d'affaires originaire du Gers, ou l'entrepreneur drômois Olivier Markarian, ancien sponsor de l'ASSE, mais aussi le prince cambodgien Norodom Ravichak, ont montré leur intérêt sans que rien ne se concrétise.
La situation économique du club qui affiche un budget de 27 millions d'euros cette saison et un déficit structurel de 15 millions, exige un nouvel élan financier d'ici la fin de la saison, dans une ville déjà touchée au cœur par le démantèlement en cours du groupe de grande distribution Casino, à l'origine de l'ASSE.
- "Long chemin" -
Bernard Caïazzo (70 ans), homme d'affaire parisien, avait pris le contrôle du club en 2004 pour un montant de 5 millions d'euros, peu avant la remontée en Ligue 1. Il vendra toutes ses parts à Kilmer Sports Ventures.
C'est "une entreprise qui connaît le sport avec des valeurs humaines fortes", assure-t-il dans un communiqué. Trouver un tel repreneur "aura été un long chemin mais c'était ma mission essentielle d'assurer l'avenir durable de l'ASSE".
En 2006, il avait été rejoint comme co-actionnaire par Roland Romeyer (78 ans), un entrepreneur ligérien qui lui avait permis d'asseoir sa légitimité face aux réticences des supporters et du monde économique local. Romeyer conserverait la présidence d'ASSE-Cœur Vert, la fondation du club.
En 2010, dans le cadre d'une refonte de l'organigramme de l'ASSE, Bernard Caïazzo était devenu président du conseil de surveillance tandis que Romeyer prenait la présidence du directoire.
Les deux hommes occupent toujours ces postes mais Romeyer a laissé la direction opérationnelle à Jean-François Soucasse (51 ans), ancien joueur des Verts (1995-1998) et de Toulouse dont il a aussi été dirigeant, engagé en janvier 2021 dans un premier temps comme directeur général des services.
(R.Lavigne--LPdF)