Roland-Garros: la belle aventure se poursuit pour Gracheva
"La Marseillaise" résonne encore à Roland-Garros: comme Corentin Moutet chez les hommes la veille, Varvara Gracheva s'est qualifiée samedi pour les huitièmes de finale, une performance inattendue avant cette quinzaine tant son début de saison fut laborieux.
La Française, 88e mondiale, s'est imposée 7-5, 6-3 aux dépens de la Roumaine Irina-Camelia Begu (127e) et, à 23 ans, atteint ce stade de l'épreuve pour la première fois.
"C'est tellement spécial, je suis fière, j'en perds mes mots", s'en est-elle émue en conférence de presse.
Sa performance est un rare rayon de soleil pour le tennis français, qui ne compte plus que deux représentants: elle chez les filles et Corentin Moutet dans le tournoi masculin. Il fallait remonter à 2020 pour voir des Bleus poursuivre l'aventure en deuxième semaine et à l'époque ni Hugo Gaston, ni Caroline Garcia, ni Fiona Ferro n'avaient ensuite rallié les quarts.
Pour espérer faire mieux, Gracheva devra écarter la Russe Mirra Andreeva (38e), avant de voir certainement se profiler une adversaire d'un autre calibre, la Bélarusse N.2 mondiale Aryna Sabalenka.
En attendant, la Française, qui avait créé la sensation dès son entrée en lice en éliminant la Grecque Maria Sakkari, 7e mondiale, a confirmé ses excellentes dispositions actuelles.
- "C’est chez moi ici" -
Agressive dans les échanges, elle a mené la danse dans le premier set, breakant deux fois, non sans toutefois laisser Begu immédiatement répondre pour recoller au score. Puis elle a gâché trois balles de set à 5-4 sur le service de sa rivale. Un manque de réalisme sans conséquence, puisque la quatrième opportunité fut la bonne à 6-5.
Dans la foulée, Gracheva s'est encore emparée du service de la Roumaine à deux reprises pour s'échapper 4-0 dans la seconde manche. Elle a ensuite dû batailler un peu plus pour résister au baroud d'honneur de sa rivale.
"J'ai dû vite trouver une solution pour éviter de me retrouver avec un 3e set à jouer, car ça n'aurait alors plus été le même match", a-t-elle expliqué.
Gracheva a finalement conclu l'affaire en 1h33, sous l'ovation du Philippe-Chatrier où spontanément "La Marseillaise" a été scandée.
Ce moment, bercé au son de l'hymne national français qu'elle a repris du bout des lèvres, restera longtemps gravé dans sa mémoire.
"C’est immense, pour moi cela voulait dire que tout le monde m’accepte, que c’est chez moi ici. Et je suis motivée pour faire encore plus", a dit la joueuse née russe et naturalisée française l'an passé.
- "Rester sur terre" -
Son sourire radieux ne trahissait pas uniquement le plaisir de l'instant, car elle l'a aussi arboré durant la rencontre et plus globalement depuis le début de la quinzaine. Une nouveauté dans son approche des matches.
"C’est un changement que j’ai décidé d’opérer (après le premier trimestre). J’étais dans une situation... pas pénible, mais pas bien. Donc j’ai décidé d’apprécier plus le moment", a expliqué Gracheva, dont le début de saison a été effectivement plombé par six éliminations consécutives au premier tour, en février-mars.
Puis, celle qui restait sur une défaite au 2e tour du WTA 1000 de Rome début mai, face à Maria Sakkari, s'est vengée à la surprise générale en ouverture de Roland-Garros. "Je ne m'attendais pas à passer ce premier tour. Sur le papier, elle était de loin favorite", a-t-elle rappelé.
"J’essaie de prendre les choses de façon cool. Pourquoi on devrait avoir une énorme pression ? Le plaisir, c’est le principal. Quand j’aurai 70 ans, je veux me rappeler des moments passés sur le Suzanne-Lenglen", a-t-elle ajouté.
Vit-elle le plus grand moment de sa carrière ? "Oui définitivement", mais elle n'est pas pour autant sur un nuage: "J'essaie de rester sur terre le plus longtemps possible".
(R.Dupont--LPdF)