Allemagne: l'avenir du Bayern en questions
Départ possible de Lewandowski, concurrence en Europe de clubs portés par des investisseurs multi-milliardaires, recrutement délicat... le Bayern Munich, sacré samedi contre Dortmund (3-1), est à la croisée des chemins après son dixième titre consécutif de Bundesliga mais une saison européenne ratée.
Quatre questions cruciales se posent au "Rekordmeister" dès la fin de cette saison:
- Quel avenir pour Lewandowski, Müller et Neuer? -
Les contrats des tauliers Robert Lewandowski, Manuel Neuer et Thomas Müller expirent fin 2023, ainsi que celui de Serge Gnabry, et le club n'a toujours pas communiqué sur les possibles renouvellements, suscitant l'inquiétude de la presse munichoise.
Oliver Kahn, le patron du club, a reconnu que Lewandowski "s'interroge", à 33 ans, sur son avenir. Certains médias évoquent un départ pour Barcelone dès la fin de cette saison. On parle d'une indemnité de 40 millions d'euros.
Jeudi, le magazine Kicker, généralement très bien informé, annonçait par ailleurs que le club ne proposait à Neuer (36 ans) et Müller (32 ans) qu'une prolongation d'une année, jusqu'à juin 2024.
Leurs départs laisseraient le club orphelin de ses trois figures les plus emblématiques.
- Qui seront les stars de demain? -
Pour l'instant, les seuls transferts en vue pour la saison prochaine sont les deux jeunes talents de l'Ajax d'Amsterdam Ryan Gravenberch (milieu de terrain) et Noussair Mazraoui (latéral droit).
Pour des raisons économiques, le Bayern souhaite infléchir sa politique de recrutement, et miser de plus en plus sur les joueurs de son centre de formation ou encore en début de carrière.
Parmi les très jeunes joueurs déjà au club, les dirigeants espèrent beaucoup du défenseur Canadien Alphonso Davies (21 ans), du milieu polyvalent néo-international allemand Jamal Musiala (19 ans), du défenseur central Français Tanguy Nianzou (19 ans), et, dans un avenir un peu plus lointain, du nouveau petit prodige allemand Paul Wanner, un joueur offensif qui a déjà débuté en équipe première à l'âge de 16 ans.
- Quels moyens pour quelles ambitions? -
Les négociations sur le renouvellement des cadres "sont compliquées, dans cette phase financièrement difficile", a reconnu le directeur sportif Hasan Salihamidzic, qui sait aussi qu'il ne pourra pas faire de folie sur le marché des transferts.
Certes le Bayern reste un mastodonte du football européen, troisième du dernier classement annuel du cabinet Deloitte avec 634 millions de chiffre d'affaires, derrière Manchester City et le Real Madrid.
Mais les clubs de Premier League ou le Paris SG, soutenus par des investisseurs aux fonds quasi-illimités, font flamber les salaires et les indemnités de transfert. Le Bayern, qui s'appuie sur ses ressources propres et sur une gestion sans dette, avoue avoir de plus en plus de mal à suivre, après deux ans de huis clos total ou partiel en raison du Covid-19.
Ces deux dernières saisons, le club a laissé partir contre son gré Thiaco Alcantara et David Alaba, respectivement pour Liverpool et le Real, faute de pouvoir s'aligner.
- Nagelsmann peut-il ramener le Bayern au sommet? -
Après une première saison en demi-teinte, le titre en Bundesliga ne compensant pas l'élimination prématurée en Ligue des champions, l'entraîneur de 34 ans Julian Nagelsmann a reconnu que ce n'était "pas suffisant" au regard des ambitions du club.
Les dirigeants continuent de voir en lui leur principal atout pour les saisons à venir, mais ce tacticien surdoué ne pourra rien s'il n'a pas l'effectif adéquat pour lutter au plus haut niveau.
La cascade d'absences dues au Covid et aux blessures cet hiver l'a montré, le Bayern a un onze type de classe mondiale, mais n'a pas la profondeur de banc d'autres grandes écuries européennes.
(M.LaRue--LPdF)