Athlétisme: Benjamin détrône Warholm, fortunes opposées pour les relais américains
Il n'y a eu d'électricité dans l'air comme trois ans plus tôt à Tokyo, mais cela n'a pas empêché Rai Benjamin de détrôner Karsten Warholm sur 400 m haies aux Jeux de Paris vendredi soir au Stade de France.
L'or partagé du 4x100 m après la déception du 100 m terminé médaillé d'argent pour Sha'Carri Richardson, une finale olympique vendangée de plus pour le 4x100 m masculin, sans Noah Lyles, qui souffre du Covid : les relais américains ont connu des fortunes contrastées.
. Benjamin enfin en or
Karsten Warholm-Rai Benjamin-Alison Dos Santos : évoquer le trio convoque instantanément le souvenir de la finale olympique d'anthologie de Tokyo, remportée par le premier dans un chrono époustouflant, 45 sec 94, qui fait de lui le seul homme à ce jour sous les 46 secondes. Ses deux poursuivants avaient alors bouclé le tour de piste truffé de dix obstacles en moins de 47 sec.
On n'a pas atteint de tels sommets sur la piste violette du Stade de France entre les trois hommes les plus rapides de l'histoire de la spécialité.
Benjamin, en argent aux JO-2021, a néanmoins égalé sa meilleure performance mondiale de l'année pour s'offrir son premier sacre international individuel, à 27 ans : en 46 sec 46, il a devancé Warholm, deuxième en 47 sec 06, et Dos Santos, troisième en 47 sec 26.
. Richardson, l'or après l'argent
Privée d'or samedi sur la course reine, le 100 m, par la sprinteuse de Sainte-Lucie Julien Alfred, Sha'Carri Richardson s'en est finalement parée avec le relais 4x100 m pour ses premiers JO.
Sous une pluie de courte durée, les Américaines, avec un quatuor composé de Melissa Jefferson, Twanisha Terry, Gabby Thomas et Richardson, se sont imposées en 41 sec 78, devant la Grande-Bretagne de Dina Asher-Smith et Daryll Neita (41.85) et l'Allemagne (41.97).
Quelques minutes plus tard, leurs homologues masculins, ultra favoris même privés de Lyles, ont de nouveau gâché une finale olympique, dès le premier passage de témoin - hors zone - entre Christian Coleman et Kenny Bednarek : un camouflet de plus pour Team USA, plus montée sur le podium olympique du 4x100 m masculin depuis vingt ans.
"Il est grand temps de faire exploser le système. Ça continue à être inacceptable, a tempêté la légende du sprint US Carl Lewis sur son compte X. Il est évident que tout le monde à l'USATF (fédération américaine) pense plus à la politique qu'à la victoire. Aucun athlète ne devrait courir un relais tant que tout n'est pas changé du sol au plafond."
C'est le Canada d'Andre De Grasse qui a tiré son épingle du jeu, victorieux en 37 sec 50, devant l'Afrique du Sud et la Grande-Bretagne.
. Hassan pas rassasiée
Lancée dans le défi insensé de la légende tchèque Emil Zatopek (triplé 5.000/10.000/marathon en 1952), Sifan Hassan résiste avec brio à l'enchaînement des tours de piste.
Après la médaille de bronze du 5.000 m en entrée, la Néerlandaise de 31 ans s'est offert le même métal sur 10.000 m, plat de résistance, à l'issue d'une course tactique, où elle a montré face à un peloton conséquent dans le dernier tour qu'elle avait encore une belle vitesse terminale.
Quatre jours après l'or du 5.000 m, la Kényane Beatrice Chebet, recordwoman du monde, a signé un doublé sur 10.000 m, devant l'Italienne Nadia Battocletti.
Hassan, en or sur 5.000 m et 10.000 m à Tokyo en 2021, a confirmé qu'elle s'attaquerait à un dessert hyper copieux avec le marathon dimanche.
. Paulino plus rapide que Pérec
La Dominicaine Marileidy Paulino a ébloui Paris et le public français avec l'or du 400 m en battant le record olympique de l'icône nationale Marie-José Pérec : elle a bouclé le tour de piste en 48 sec 17, un peu mieux que "Marie-Jo" au moment de son deuxième titre sur 400 m à Atlanta en 1996 (48.25).
Paulino, médaillée d'argent olympique à Tokyo en 2021, a creusé un énorme écart sur une concurrence pourtant de très haut niveau, avec les huit finalistes en moins de 50 secondes, une première. Elle s'est approchée à 57 centièmes de seconde du record du monde de l'Allemande Marita Koch (47.60 en 1985).
Derrière elle, Naser (26 ans), championne du monde 2019, a remporté sa première médaille olympique, après avoir manqué les Jeux de Tokyo en raison d'une suspension antidopage.
rg-es-vg-pyv/obo
(C.Fontaine--LPdF)