De la Seine à la liesse, des JO qui marqueront
Une ferveur inédite, des sites cartes postales, des touristes finalement au rendez-vous, des transports qui fonctionnent et une cérémonie d'ouverture qui marquera les esprits... Tour d'horizon des JO de Paris qui s'achèvent dimanche.
Une cérémonie d'ouverture clivante
Impertinente, inclusive, splendide pour certains, inacceptable pour d'autres. La cérémonie d'ouverture, la première hors d'un stade, et sur la Seine, a marqué les esprits et n'a pas laissé grand monde indifférent. Un événement auquel plus d'un milliard de téléspectateurs a assisté. Le come-back splendide de Céline Dion, plus forte que la maladie, les performances d'Aya Nakamura, de Lady Gaga... Une célébration malheureusement sous des trombes d'eau, avec un tableau au centre des polémiques.
Le passage célébrant la communauté LGBTQ+, que certains ont estimé être une reproduction de la Cène, a provoqué l'ire de certaines autorités religieuses et responsables politiques conservateurs et d'extrême droite. De l'Américain Donald Trump au Turc Recep Tayyip Erdogan qui l'ont jugée offensante pour la religion chrétienne ou immorale. L'équipe artistique s'est défendue de toute volonté de moquer, ce qui n'a pas empêché une vague massive de cyberharcèlement à l'encontre de ses membres, sur laquelle la justice française enquête.
De quoi modifier le ton de la cérémonie de clôture dimanche ? Non, répondent les organisateurs. "L'ouverture, c'est plus l'imaginaire d'un pays qu'on présente. Une clôture, c'est un rappel des valeurs de l'olympisme en général. On va célébrer les valeurs de partage, d'universalité, mais aussi la fragilité du monde", a indiqué le directeur des cérémonies Thierry Reboul à l'AFP.
Les remous de la Seine
Le fleuve parisien a donné des sueurs froides aux organisateurs, et aux athlètes. Plusieurs entraînements de triathlon et natation en eau libre ont été annulés, le triathlon masculin a été repoussé en raison d'une eau impropre à la baignade. La faute à une pluviométrie abondante. La fébrilité s'est ressentie chaque matin et chaque veille de compétition. Mais toutes ont finalement eu lieu.
Ces histoires d'eau n'ont pas été du goût de tous. Certains athlètes se sont plaints de sa qualité, et d'autres ont peu apprécié ces remaniements de calendrier. "Si la priorité était la santé des athlètes, alors cette course aurait été transférée depuis longtemps sur un autre site. Nous ne sommes que des marionnettes", s'était indigné le triathlète belge Marten van Riel, 22e de l'épreuve.
Aucun athlète n'a été hospitalisé ou été victime de troubles majeurs. L'ONG Surfrider Foundation a toutefois demandé aux organisateurs de faire preuve de "transparence" en publiant tous les résultats d'analyses de la qualité de l'eau après les JO.
Une liesse inédite
Rarement la France avait connu une telle liesse autour d'un événement sportif. L'Américain Michael Phelps a assuré n'avoir jamais connu ça. Quand un sportif aux 23 médailles d'or et aux cinq JO fait cet aveu, cela donne une idée des décibels dans la piscine olympique, théâtre des exploits de Léon Marchand, quadruple médaillé d'or à Paris. Des exploits du Français vécus d'ailleurs en direct dans les autres sites, parfois jusqu'à interrompre un assaut d'escrime au Grand Palais. Dans quasiment chaque site, une ambiance "de fou", alimentée notamment par des carrés de supporters, avec des leaders chargés de donner le la. Mais au-delà de cette étincelle, les Français se sont pris aux Jeux. Une ambiance qui a même parfois déstabilisé certains, comme le golfeur Matthieu Pavon, pas habitué ni préparé à vivre un tel engouement.
Une menace sous cloche
Menace terroriste, de cyber-attaques massives, contexte géopolitique tendu... Avant ces JO, les craintes étaient fortes et les interrogations nombreuses sur la capacité des autorités à maîtriser tous ces risques. Jusqu’ici, cela a été évité. Aucun incident majeur n'est venu perturber le déroulement des JO, et la cérémonie d'ouverture, qui cristallisait les craintes, s'est déroulée sans accroc.
De quoi se féliciter d'une "réussite très importante", comme l'a fait le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin à la fin de la première semaine.
Avec 35.000 policiers et gendarmes mobilisés chaque jour en moyenne en France, le bilan est lui aussi plutôt bon. Une petite poussée de fièvre a toutefois touché l'Ile-de-France, où sont concentrés la plupart des sites olympiques. Les vols violents ont augmenté de +17% et les coups et blessures de 10% sur la semaine du 29 juillet au 4 août, selon les données du ministère de l’Intérieur.
Des transports au rendez-vous
"Ça aurait dû être une fête, tout ça est gâché". Au matin de la cérémonie d'ouverture, le PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou exprime désarroi et colère après une "attaque massive" et coordonnée visant plusieurs lignes à grande vitesse.
Des dizaines de trains sont paralysés un peu partout en France, notamment sur l'axe Atlantique, et des centaines de milliers de voyageurs bloqués la veille d'un des plus grands week-ends de chassé-croisé de l'été.
Ce sabotage de grande ampleur fait craindre le pire pour les transports. Mais deux semaines plus tard, les opérateurs de transport franciliens peuvent souffler : ils ont été au rendez-vous. Aucun incident majeur, fréquence régulière, personnel en nombre pour assister les voyageurs et rames moins denses qu'à l'accoutumée ont grandement contribué à la réussite de l’événement.
Des touristes finalement là
Les professionnels du tourisme ont eu peur, mais les visiteurs ont fini par affluer: 1,73 million la première semaine des Jeux, soit 19% de plus que la même période en 2023, selon l'Office du tourisme de Paris.
Parallèlement, entre 4,2 et 4,8 millions de Franciliens sont restés. Si les hôtels n'ont pas fait le plein comme certains l'avaient espéré, ils ont tout de même affiché des taux d'occupation de plus de 80% (86% pour la 2e semaine des Jeux du 5 au 11 août) .
Et les meublés touristiques de type Airbnb dans Paris et proche banlieue ont vu leurs réservations plus que doubler, avec une offre en forte hausse et de nombreuses réservations de dernière minute, selon le cabinet d'analyse AirDNA.
Parmi les touristes étrangers, ce sont les Américains qui étaient les plus nombreux; ils étaient même majoritaires en termes de fréquentation dans certains sites, comme le Grand Palais ou le Château de Versailles par exemple.
(A.Monet--LPdF)