Le Pays De France - Escalade: la cascade de glace veut faire frissonner les Jeux olympiques

Paris -
Escalade: la cascade de glace veut faire frissonner les Jeux olympiques
Escalade: la cascade de glace veut faire frissonner les Jeux olympiques

Escalade: la cascade de glace veut faire frissonner les Jeux olympiques

Piolets et crampons aiguisés, ils gravissent des parois d'eau gelée en sept secondes ou se contorsionnent sur des voies plus sèches. La cascade de glace séduit une dizaine de millions de personnes dans le monde et fait de l'oeil aux Jeux olympiques.

Taille du texte:

Née sur les versants totalement ombragés de la montagne où les chutes d'eau se transforment en blocs gelés l'hiver, la cascade de glace - ou escalade sur glace - a conquis le terrain sportif. Ce week-end, à Saas-Fee (Suisse) se tiennent les Mondiaux sur des structures artificielles, au coeur d'un immense parking circulaire de 10 étages. Une évolution de la pratique qui pourrait lui ouvrir la voie olympique.

"Il y a 20 ans, il y avait encore des compétitions sur des structures naturelles. Aujourd'hui le niveau à l’international est tellement élevé que la simple glace ne suffit plus à départager les compétiteurs. Ca va s'apparenter un peu à un mur d'escalade", explique à l'AFP l'un des meilleurs de la discipline, le Français Tristan Ladevant, présent à Saas-Fe après s'être notamment préparé à Freissinières (Hautes-Alpes).

Situé à l'entrée du parc des Ecrins, le petit village a accueilli mi-janvier une compétition dans le cadre de la 32e édition de l'Ice Climbing Ecrins, sur deux nouvelles tours de glace artificielles, non loin d'un terrain de jeu naturel, où la cascade gelée de Madame Tape Dur et ses 40 mètres attire les débutants qui plantent avec force leurs piolets et leur crampons dans la solide paroi.

- 'Kiffant' -

Apparenté à l'alpinisme, la cascade de glace existe depuis près de cinquante ans. L'activité compétitive a une trentaine d'années.

A Freissinières, les sportifs se sont illustrés sur les deux épreuves de la discipline: la vitesse (mur glacé) et la difficulté (paroi en contreplaqués). Par moins sept degrés, les grimpeurs ont joué de créativité pour ancrer la pointe de leur piolet sur des prises de quelques millimètres.

Après avoir chauffé les lames - l'acier froid glisse davantage - ils s'activent de façon gymnique pour attraper des prises qui semblent inaccessibles, inversant même le piolet ou plaçant leur jambe à califourchon sur le bras tenant la petite pioche.

"Comme on n’a pas la sensation des mains sur les prises, le seul moyen de tenir sur des prises qui ne sont pas dans le bon sens et qui sont là pour nous faire tomber, c’est de maintenir une pression entre le piolet et la prise. Il faut avoir une gestuelle plus intéressante qu’en escalade. C’est impressionnant à regarder et c’est kiffant pour nous à grimper", raconte à l'AFP Louna Ladevant, N.1 mondial en 2020.

Sur l'épreuve de vitesse, les meilleurs mettent entre six et sept secondes pour grimper une tour de 15-18 mètres, "l'équivalent d'un 60 m en athlétisme", compare Tristan Ladevant.

- Ironie -

En France, ce sont 6000 personnes qui déclarent pratiquer, selon la Fédération française des clubs alpins et de montagne (FFCAM).

Dans le monde, les estimations faites par la Fédération internationale d'escalade et d'alpinisme (UIAA), tournent "autour de dix millions de personnes qui se rendent dans la montagne pour grimper" rapporte à l'AFP Rob Adie, en charge de la cascade de glace depuis cinq ans à l'UIAA.

Sur les circuits, 200 à 250 athlètes évoluent, venus pour beaucoup de Corée du sud, Russie, Suisse, France et même Iran.

"Comme le sport a évolué, on est passé de beaucoup de glace à pas trop de glace pour proposer du 'dry-tooling' (sur zones sèches). Et avec du pur dry-tooling, vous pouvez organiser des événements n'importe où, même au milieu du désert si vous le voulez !" relève Adie.

Tous les ingrédients semblent réunis pour devenir olympique.

"Je ne dirais pas que nous sommes tout à fait prêts. C’est ironique mais la principale chose que nous devons faire c’est de (re)mettre plus de glace. Pour devenir un sport olympique d’hiver, il faut de la neige ou de la glace. En difficultés, on doit être à 20% de glace, je pense qu’il faudrait qu’on soit à 80% pour devenir olympique", souligne Adie, qui espère une entrée aux Jeux en 2030 après avoir essuyé un refus pour les Jeux olympiques de la Jeunesse 2028.

(L.Chastain--LPdF)