Coupe d'Europe de rugby: Toulouse, les ailes coupées
Brillant l'an dernier sur la pelouse du Munster, Matthis Lebel est moins à la fête cette saison, à l'image des ailiers toulousains, globalement en panne de réussite avant de retrouver la province irlandaise samedi à Dublin en quart de finale de la Coupe d'Europe de rugby.
Lebel, plus encore que ses coéquipiers, a sans doute encore bien en tête sa dernière confrontation avec le Munster, il y a un peu plus d'un an en huitième de finale à Thomond Park.
Le jeune international (23 ans) s'était révélé ce jour-là avec fracas à l'Europe du rugby avec un bel essai au retour des vestiaires et un cadrage-débordement d'école pour offrir celui de la gagne (40-33) à Antoine Dupont.
Il avait fini quelques semaines plus tard deuxième meilleur marqueur du Top 14, avec 13 essais, avant d'honorer ses deux premières sélections en équipe de France, à l'automne contre la Géorgie et au pays de Galles dans le Tournoi des six nations.
Avec seulement trois essais marqués cette saison toutes compétitions confondues, ses statistiques se sont érodées depuis. Comme un symbole des difficultés que connaît son équipe sur les ailes.
"Notre jeu offensif est peut-être moins efficace que la saison dernière ou que par le passé, mais on reste quand même premiers au nombre de passes, d'offloads (passes après contact), de franchissements, de plaquages cassés...", nuance l'entraîneur des arrières toulousains Clément Poitrenaud.
Les Rouge et Noir, réputés pour leur jeu de mains qui fait généralement la part belle aux ailiers, à la conclusion des mouvements collectifs, ne présentent actuellement que la huitième attaque du championnat.
"C'est vrai qu'on attend plus de nos finisseurs, de nos ailiers, qui, quand ils se trouvent en situation favorable, doivent récompenser le travail de l'équipe. Ce qui est moins le cas cette année", reconnaît Poitrenaud.
"C'est à eux d'en prendre conscience. C'est comme les buteurs au football, ça marche aussi avec la confiance. Il faut enclencher la machine pour que ça revienne", ajoute l'ancien arrière international.
- Le "vide" Kolbe -
Le départ à la retraite de Yoann Huget et celui pour Toulon de la star sud-africaine Cheslin Kolbe, trop tardif pour lui trouver un successeur, ont laissé un vide que Toulouse n'a pas vraiment comblé.
"La nature a horreur du vide. Quand il manque quelque chose, quelqu'un prend en général le relais. D'autant plus que ça avait été annoncé par certains après le départ de Cheslin, qu'il faudrait l'assumer sur le terrain. Il reste quelques matches pour le prouver", met au défi Poitrenaud.
Le deuxième poste d'ailier, derrière Lebel, est souvent revenu en début de saison au futur retraité Maxime Médard, qui n'a, naturellement à 35 ans, plus les jambes de ses débuts.
Le polyvalent Argentin Juan Cruz Mallia, d'abord retenu en sélection puis blessé, a ensuite pris le relais avec un certain succès. Mais le meilleur marqueur toulousain de la saison (6 essais) a été suspendu quatre semaines après avoir écopé d'un carton rouge en huitième de finale aller de Coupe d'Europe contre l'Ulster.
En son absence, à laquelle s'ajoute celle d'Arthur Bonneval, souvent blessé, le jeune Dimitri Delibes (23 ans) sera de nouveau aligné sur l'aile droite samedi face au Munster.
Un poste que le trois-quarts centre de formation affirme mieux maîtriser aujourd'hui, même s'il admet avec humilité avoir encore "beaucoup de progrès à faire".
"Un ailier aujourd'hui doit savoir se proposer partout, même en défense. C'est un poste qui demande beaucoup d'aptitudes d'analyse", explique-t-il. "Il faut avoir plusieurs cordes à son arc et je suis bien content d'être sur le terrain, que ce soit à l'aile, au centre ou à l'arrière. Même en pilier, je foncerais".
Avec les arrivées attendues de l'international italien de Grenoble Ange Capuozzo et du Rochelais Arthur Retière, les ailes toulousaines seront un peu plus fournies la saison prochaine. Delibes ne devrait pas pour autant avoir à jouer en première ligne.
(C.Fontaine--LPdF)