L1: avec Mbappé, Doha reprend la main, le chantier du PSG redémarre
La prolongation de Kylian Mbappé et l'éviction du directeur sportif Leonardo, samedi, marquent le début des grandes manœuvres de l'été pour le propriétaire qatarien du Paris SG, qui reprend la main sur un projet sportif à l'arrêt.
Avec "Kyky" et Angel Di Maria, qui disputait son dernier match au club, le président Nasser Al-Khelaïfi a été l'un des protagonistes d'une soirée magique pour le PSG, qui l'a réconcilié avec ses fans.
Avant la victoire contre Metz (5-0), il a reçu une acclamation du Parc des princes quand il a annoncé au micro qu'il avait "une très bonne nouvelle".
Après de longues négociations, le dirigeant a obtenu de haute lutte l'accord de Mbappé, désireux de partir l'an dernier au Real Madrid, pour rester jusqu'en 2025 au PSG, qui conserve ainsi son meilleur joueur.
"NAK" a ensuite participé aux célébrations du dixième titre national, dans une ambiance festive avec feux d'artifice et chants d'ultras, à nouveau bruyants après des semaines de grèves d'encouragement.
Ceux-là réclamaient sa démission en mars, après l'élimination dès les 8es de finale de la Ligue des champions face au Real (1-0, 1-3). "Force est de constater qu'il n'est pas l'homme de la situation", avaient-ils écrit.
- coup symbolique -
En une soirée, Al-Khelaïfi a signé un potentiel futur Ballon d'Or, retrouvé le soutien du virage Auteuil et également limogé Leonardo, qui paye les résultats décevants de 2021/22 avec un seul trophée, sur les quatre visés.
L'autre grand vainqueur est Mbappé, qui prend une nouvelle dimension, en devenant la nouvelle "pierre angulaire du projet" selon son président.
"J'ai la conviction qu'ici je peux continuer à grandir au sein d'un club qui se donne tous les moyens pour atteindre les sommets", s'est-il justifié dimanche, dans un message sur son compte Twitter.
Les deux s'exprimeront lundi (15h00) dans une conférence de presse conjointe au Parc des princes. Le joueur va également donner une interview au journal télévisé de TF1 de 20h00.
Doha, où le PSG avait effectué une courte tournée promotionnelle mi-mai, marque les esprits, à six mois de "sa" Coupe du monde (21 novembre-18 décembre).
"Le Qatar souhaite montrer qu'il ne lâche rien malgré les contre-performances", a expliqué à l'AFP a déclaré à l'AFP Raphaël Le Magoariec, chercheur spécialisé sur les pays du Golfe et le sport à l'université de Tours,
Pour lui, en investissant sur un joueur francilien, "ça envoie un message aux supporters qui critiquaient un propriétaire déconnecté des réalités locales."
Le retour en force de l'émirat dans les affaires du PSG pourrait aussi intervenir via Qatar Airways qui, selon le quotidien L'Équipe, deviendra cet été le nouveau sponsor maillot du club, à la suite du groupe hôtelier français Accor.
- "FC Mbappé" -
En Espagne, où on pensait que Mbappé allait rejoindre le Real, le coup d'éclat de Doha est mal passé. "Al-Khelaïfi est aussi dangereux que la Super Ligue", a lâché le président de la LaLiga, Javier Tebas, sur Twitter.
Le dirigeant de la Ligue professionnelle espagnole point du doigt les moyens illimités d'un État mis à disposition d'un club, qui fausse la concurrence.
Sur les réseaux sociaux aussi, les fans madrilènes s'indignaient du "choix de l'argent" fait par Mbappé, auquel le PSG a fait un pont d'or selon plusieurs médias, au détriment du sportif incarné par le Real.
"Je me doute de la déception (du Real, NDLR). Elle est à la hauteur de mes hésitations. Je serai leur premier supporter pour la finale de la Ligue des champions (contre Liverpool le 28 mai, NDLR), à Paris. Chez moi", leur a lancé Mbappé.
Le prochain pari de QSI, le fonds qui détient le PSG depuis 2011, est de prouver qu'il est plus qu'une machine à cash, et qu'il peut régaler avec du beau jeu, comme l'ont fait les Emirats arabes unis, son rival du Golfe, avec Manchester City.
Le nom du futur entraîneur, l'actuel Mauricio Pochettino étant menacé, sera primordial, même si, selon Raphaël Le Magoariec, les exemples d'Unai Emery et Thomas Tuchel montrent qu'un bon technicien ne peut pas forcément s'épanouir dans le contexte particulier de la capitale.
"Ce qui est complexe au Qatar, c'est de concilier à la fois ce qui relève de la politique et du projet sportif. On est dans des temporalités très courtes pour le politique, alors que le sportif demande plusieurs années", a-t-il rappelé.
"Le danger? Il ne faut pas que le PSG devienne le FC Mbappé. Il faut faire en sorte qu'on ne soit pas dans cette politique de rock-star. Il faut retrouver les vertus collectives", a analysé l'ancien joueur Bixente Lizarazu, sur TF1.
Une nouvelle pierre au chantier pourrait rapidement intervenir avec la nomination de Luis Campos, passé par Monaco et Lille, pour prendre la suite de Leonardo.
(C.Fournier--LPdF)