Au Défi Wind de Gruissan, la planche à voile est toujours dans le vent
Une forte tramontane pousse cette semaine à Gruissan, dans l'Aude, les plus de 1.200 participants du Défi Wind, plus grand rassemblement mondial de planche à voile, une discipline quinquagénaire toujours dans le vent malgré l'émergence de nouvelles pratiques.
Le visage blanchi par une couche indispensable de crème solaire, Yves Escouflaire vient de regagner à l'issue de sa course, mouvementée, le sable fin de la plage des Chalets, rendue célèbre par le film "37°2 le matin".
"C'est une aventure à chaque fois", souffle le Breton de 60 ans, venu "entre copains" sur le spot méditerranéen, l'un des plus venteux du pays. "On ne navigue jamais dans un bordel pareil".
Aucun autre événement au monde ne rassemble sur une même ligne de départ autant de véliplanchistes, dans un format unique, de longue distance, mêlant professionnels et amateurs internationaux de 13 à 77 ans.
Le Défi Wind, qui fête cette année sa 20e édition, jusqu'à dimanche, avec une grosse trentaine des cinquante meilleurs spécialistes mondiaux, se veut le "Woodstock" de la planche à voile.
Son fondateur, Philippe Bru, souhaitait "célébrer la culture du windsurf dans toute sa splendeur et la transmettre aux gens qui prenaient les glisseurs pour des joueurs de sable ou des mecs en train de fumer des pétards".
- Pas has-been -
"Ce n'est plus du tout ça. Il y a des vrais athlètes, des vraies technologies, un vrai marché, une vraie passion", souligne-t-il au milieu du village où toutes les grandes marques des sports de glisse ont leur stand.
Née à la fin des années 1960 de l'imagination d'un Californien, la discipline ne laisse pas entrevoir à Gruissan le coup de vieux que lui ont donné le kitesurf et, plus récemment, le wingfoil, une aile gonflable détachée de la planche et tenue à la main.
"Tout le monde dit que le windsurf est has-been. Pas du tout, ça a encore une puissance phénoménale", affirme l'organisateur du Défi Wind.
"Il y a toujours du monde qui pratique, de tous les âges. La planche à voile, ce n'est pas du tout fini", appuie Marion Mortefon, l'une des meilleures véliplanchistes mondiales. "Il y a encore beaucoup de développement sur le matériel. Ca révolutionne un peu le sport".
L'arrivée du foil, un appendice permettant de surélever la planche au-dessus de l'eau, a apporté de nouvelles sensations et quelque peu renouvelé le public.
"Ca permet de découvrir de nouveaux aspects", témoigne Abel Lambeaux, 16 ans, tombé sous le charme du windsurf dès son entrée à la section voile de son collège, à Marseille.
- "Le sport d'origine" -
"C'est le sport d'origine", explique le jeune homme, heureux d'avoir côtoyé dans les eaux audoises quelques-unes des légendes de son sport, parmi lesquelles Antoine Albeau (49 ans) ou le Néerlandais Björn Dunkerbeck (52 ans), multiples champions du monde toujours compétitifs à leur âge.
"Les amateurs sont mélangés aux pros, il n'y a pas de différence de traitement. Tout le monde est sur le même parcours, à égalité", apprécie le novice marseillais.
La nouvelle génération, touche-à-tout, contribue à faire tomber les barrières qui séparaient autrefois les différentes disciplines de la glisse.
"Quand j'étais un windsurfeur pur et dur, je ne voulais entendre parler de rien d'autre", reconnaît Philippe Bru derrière son teint hâlé. "Mes enfants eux font du surf, du standup paddle, du skate..."
Son Défi Wind a d'ailleurs fait des petits. Il s'accompagne depuis huit ans, sur le même principe de course de masse, d'un Défi Kite (kitesurf) et pour la première fois cette année d'un Défi Wing (wingfoil). Avec la même tramontane pour tous.
(A.Renaud--LPdF)