Intel, dépendant des ordinateurs, à nouveau dans le rouge au premier trimestre
Intel a essuyé une perte nette de 2,8 milliards de dollars au premier trimestre, un record pour l'entreprise, a annoncé jeudi le géant américain des semi-conducteurs, qui souffre de la forte baisse des ventes d'ordinateurs personnels et de smartphones.
C'est le deuxième trimestre consécutif dans le rouge pour le groupe, qui avait déjà perdu 664 millions de dollars au dernier trimestre de 2022. Au premier trimestre l'an dernier, il avait engrangé 8 milliards de bénéfice net.
De janvier à mars, son chiffre d'affaires a chuté, plongeant de 36% sur un an, pour tomber à 11,7 milliards de dollars, son niveau le plus bas depuis plus de dix ans.
Mais le marché s'attendait à des résultats encore pires, étant donné la forte dépendance d'Intel aux fabricants d'appareils électroniques du quotidien.
Le chiffre d'affaires de son activité de composants destinés aux ordinateurs fixes et portables a diminué de 38%, totalisant 5,8 milliards de dollars.
Les ventes mondiales d'ordinateurs aux particuliers se sont effondrées en début d'année, tombant à un niveau inférieur à ceux d'avant la pandémie à cause d'une forte baisse de la demande, d'après les cabinets IDC et Canalys.
Les entreprises telles qu'Apple, Lenovo ou HP ont des excès de stocks, et leurs clients ont déjà acheté du matériel pendant la pandémie ou attendent des jours meilleurs face à l'inflation.
Intel s'est lancé dans une vaste réorganisation en 2021 sous l'impulsion du directeur général Pat Gelsinger, mais le groupe va mettre du temps à combler son retard, d'après les analystes.
- Retard dans l'IA -
"Intel s'est longtemps reposé sur ses lauriers", a commenté Jack Gold, analyste indépendant, pour l'AFP. "Ils n'ont pas fait ce qu'ils auraient dû pour rester à la pointe de l'industrie", juge-t-il.
Les groupes californiens AMD et Nvidia ont ainsi développé des puces de dernière génération, et lui font une concurrence féroce.
Nvidia profite à fond de l'engouement actuel pour l'intelligence artificielle (IA), qui nécessite des processeurs graphiques ultra sophistiqués, sa spécialité.
Au premier trimestre, les revenus de l'activité d'Intel de composants pour les centres de stockage de données (data centers) et l'intelligence artificielle ont chuté de 39% sur un an, à 3,7 milliards de dollars.
"Intel essaie de produire des semi-conducteurs capables de rivaliser avec ceux de Nvidia, mais c'est un nouveau secteur pour eux, ils n'ont pas fabriqué de processeurs graphiques depuis au moins dix ans", note Jack Gold.
Le géant sud-coréen de la tech Samsung a aussi vu ses profits s'effondrer au premier trimestre: ils ont plongé de plus de 86%, au plus bas depuis 14 ans.
Et la branche de Samsung spécialisée dans les puces a accusé des pertes de 4.580 milliards de wons (3,1 milliards d'euros), soit sa première perte nette depuis 2009, à l'époque où le monde émergeait à peine de la crise financière de 2008.
Intel est resté prudent dans ses prévisions pour le trimestre en cours, évoquant le contexte macro-économique (inflation et risque de récession).
"le marché des ordinateurs personnels va se stabiliser", a prédit Pat Gelsinger, lors de la conférence téléphonique aux analystes, "mais celui des serveurs n'a pas encore touché le fond".
Le groupe table sur des revenus compris entre 11,5 et 12,5 milliards de dollars et des pertes nettes comparables à celles du trimestre écoulé.
(Y.Rousseau--LPdF)