Biden et Xi ont renoué le dialogue mais butent toujours sur Taïwan
Joe Biden et Xi Jinping ont rétabli mercredi un dialogue qui était resté en souffrance pendant un an, mais les dirigeants des deux plus grandes puissances mondiales ont aussi acté des différends qui semblent insurmontables, en particulier sur Taïwan.
Le sommet très attendu en Californie a permis aux deux chefs d'Etat de s'entendre pour reprendre les communications militaires de haut niveau, suspendues depuis plus d'un an, a indiqué un média d'Etat chinois.
Xi a par ailleurs accepté de prendre "un certain nombre de mesures conséquentes pour réduire considérablement les approvisionnements" en fentanyl, d'après un haut responsable américain.
Ce puissant opiacé de synthèse produit avec des composés chimiques venus notamment de Chine cause des dizaines de milliers d'overdoses chaque année aux Etats-Unis.
Joe Biden, en campagne pour un second mandat, et Xi Jinping, confronté à une situation économique et sociale dégradée en Chine, ont au fond intérêt à ce que la rivalité entre leurs pays reste sous contrôle au fil d'une année 2024 potentiellement tumultueuse, avec des élections présidentielles aux Etats-Unis et à Taïwan.
Le statut de l'île, dont Pékin revendique la souveraineté et à laquelle Washington fournit une conséquente assistance militaire, reste un sujet de friction central.
Mercredi, Joe Biden a demandé à Xi de "respecter le processus électoral" sur l'île, d'après un haut responsable américain.
Le président chinois a de son côté exhorté Biden à "cesser d'armer Taïwan" en parlant d'une réunification "inévitable", selon une source de la diplomatie chinoise.
- "Vrais progrès" -
Washington demande aussi à la Chine, proche partenaire de l'Iran et de la Russie, de ne pas envenimer les grandes crises internationales: le conflit entre Israël et le Hamas ainsi que la guerre en Ukraine.
Les deux hommes ont passé au total quatre heures ensemble, entre réunion, déjeuner de travail et même une courte promenade, de quoi offrir à la presse une image d'apaisement.
Le président américain a accueilli son homologue chinois dans une opulente demeure nichée dans les collines californiennes - le domaine a servi, pour l'anecdote, de décor aux vénéneuses intrigues du feuilleton roi des années 1980, "Dynasty".
Les deux dirigeants ont fait de "vrais progrès" face aux "défis mondiaux", a assuré Joe Biden sur le réseau social X (anciennement Twitter).
Le président américain avait appelé, dans un court propos introductif face à la presse au début de la réunion, à gérer la rivalité de manière "responsable", pour "s'assurer qu'elle ne dégénère pas en conflit".
Xi Jinping, qui a mis en garde contre les conséquences "insupportables" d'une confrontation, a lui estimé, selon une traduction en anglais, que la Chine et les Etats-Unis ne pouvaient pas se "tourner le dos".
"La planète est assez grande pour que nos deux pays prospèrent", a-t-il assuré, alors que Washington et Pékin se livrent une concurrence féroce, qu'elle soit économique, technologique, stratégique ou militaire.
Il a cependant fait savoir à Joe Biden que les sanctions américaines nuisent "aux intérêts légitimes" de la Chine, selon un média d'Etat.
- "Avenir prometteur" -
"Nos rencontres ont toujours été franches, directes et utiles", a assuré le démocrate de 80 ans, qui avait rencontré Xi Jinping plusieurs fois avant de devenir président, et qui se targue de particulièrement bien le cerner.
"Je crois fermement en un avenir prometteur pour la relation bilatérale", a dit Xi Jinping, tout en mettant en garde contre toute tentation, pour les Etats-Unis, de "remodeler" la Chine.
Aucun communiqué conjoint n'est attendu à l'issue de la rencontre mais Joe Biden a prévu de donner plus de détails lors d'une conférence de presse.
Xi Jinping et Joe Biden se sont parlé pour la dernière fois il y a un an, en marge du sommet du G20 de Bali. Depuis, la relation bilatérale n'a cessé de se tendre, menaçant même de dérailler franchement avec le survol du territoire américain par un ballon chinois en début d'année.
Washington avait dénoncé une opération d'espionnage, ce que la Chine avait démenti.
En mars, le président chinois avait dénoncé une stratégie américaine d'"encerclement", alors que les Etats-Unis musclent leurs alliances en Asie-Pacifique et empilent les sanctions économiques sur la Chine.
Le ton s'est toutefois suffisamment radouci à l'été pour permettre l'organisation du face-à-face californien.
(V.Castillon--LPdF)