Exploration des lunes de Mars: l'instrument français MIRS prêt à partir au Japon
Le spectromètre imageur français MIRS, l'un des 13 instruments de la mission spatiale japonaise MMX d'exploration des lunes de Mars, est prêt à être livré au Japon où il est attendu fin janvier.
L'instrument de dix kilos, présenté jeudi à la presse sur le site de Meudon de l'Observatoire de Paris-PSL, n'attend plus qu'une mise en caisse pour décoller.
Arrivé au Japon, il sera intégré à la sonde MMX (Martian Moon eXploration), d'une masse de quatre tonnes, qui doit s'envoler pour le système martien en septembre 2024 à bord d'une fusée japonaise.
Les récentes difficultés du lanceur nippon H3 font néanmoins planer une incertitude. "On attend une réponse d'ici la fin de l'année 2023. Si la fenêtre de tir se referme, il faudra attendre 2026", a dit Pernelle Bernardi, ingénieure responsable du système MIRS.
La mission MMX, d'une durée de cinq ans, partira explorer les deux petits satellites naturels de Mars, Phobos et Deimos, qui mesurent respectivement 27 et 15 km de diamètre. Objectif principal: éclaircir l'énigme de leur formation.
Deux hypothèses sont débattues. La première avance que ces lunes à la surface accidentée seraient "des astéroïdes capturés par l'attraction gravitationnelle martienne", a expliqué Antonella Barucci, astronome de l'Observatoire de Paris, responsable scientifique de MIRS.
La seconde suppose que Phobos et Deimos résultent d'un impact géant sur la planète rouge, comme celui qui donna naissance à notre Lune à partir de la Terre.
La sonde MMX restera trois ans en orbite autour de Phobos, située à environ 6.000 kilomètres de Mars, alors que Deimos ne sera que survolée.
MMX explorera différentes altitudes, dont certaines à quelques mètres seulement de la surface. Ce qui permettra notamment de sélectionner les endroits pertinents pour y prélever des échantillons, destinés à revenir sur Terre en 2029.
L'instrument MIRS jouera alors un rôle crucial: grâce à sa haute résolution, le spectromètre imageur proche-infrarouge pourra par exemple déterminer quels endroits sont susceptibles d'abriter "de la glace d'eau ou de la matière organique", précise Antonella Barucci.
MIRS est équipé de deux boîtiers, optique et électronique, ainsi que d'un système "cryogénérateur" pour le refroidir, a détaillé Pernelle Bernardi.
Outre ses 13 instruments, MMX est équipée d'un robot mobile franco-allemand baptisé Idéfix, qui se déplacera sur Phobos en éclaireur.
(P.Toussaint--LPdF)