Biden à la COP27 pour appeler à plus d'efforts, sous pression sur l'aide
Brandissant en exemple son plan colossal d'investissements pour le climat, le président américain Joe Biden fait une brève escale vendredi à la COP27, qui l'attend aussi sur l'aide insuffisante aux pays pauvres, en première ligne du dérèglement climatique.
Les élections de mi-mandat n'ont pas été la débâcle annoncée et, même s'ils remportent le Congrès, les Républicains ne devraient pas être en mesure de revenir sur les 370 milliards de dollars pour le climat, le plus gros chèque pour l'environnement jamais signé aux Etats-Unis.
"Nous vivons une décennie décisive. (...) Que ce moment soit celui où nous répondons à l'appel de l'Histoire. Ensemble", a tweeté le président quelques heures avant son arrivée à Charm el-Cheikh, en Egypte, où se déroule le sommet mondial annuel pour le climat.
Le temps presse en effet alors que les émissions de gaz à effet de serre issus de la combustion d'énergies fossiles, dont les Etats-Unis sont le premier producteur et consommateur mondial, vont à nouveau atteindre des records en 2022, selon un rapport de référence publié vendredi.
Mais le président américain sera aussi très attendu sur la solidarité financière avec les pays les plus affectés par le changement climatique.
- "Générations futures " -
Washington n'a en effet toujours pas tenu ses engagements dans le cadre de la promesse des pays riches de fournir 100 milliards de dollars de financements par an aux plus pauvres, pour lutter contre les émissions et s'adapter au changement climatique.
"Les Etats-Unis doivent être un leader climatique. (...) Le message au président Biden est de se tenir au côté des peuples de la planète et des générations futures", a dit à l'AFP à Charm el-Cheikh la militante ougandaise Vanessa Nakate, figure du combat des jeunes pour le climat.
Le président Biden s'est engagé sur une contribution de 11,4 milliards, mais qu'une future majorité républicaine pourrait bloquer.
"Nous allons presser pour l'adoption des projets de loi de crédits", a dit à l'AFP Kathy Castor, présidente démocrate de la commission spéciale de la Chambre sur la crise climatique.
"L'engagement du président à être partenaire et solidaire partout dans le monde est clair. Il a été constant sur ce point", a déclaré à des journalistes son conseiller pour le climat, Ali Zaidi.
Et alors que les catastrophes climatiques - sécheresses affectant les récoltes, canicules, méga-feux, inondations - se multiplient à travers le monde, les pays les plus touchés réclament désormais des fonds pour les "pertes et dommages" subis.
L'émissaire spécial américain pour le climat, John Kerry, a voulu enjamber la question en assurant mercredi à la COP qu'"aucun gouvernement au monde n'a l'argent" pour mettre sur la table les "milliards" nécessaires, et qu'il faudrait donc trouver des moyens d'enrôler le secteur privé.
- "Urgence et détermination" -
Mais fort des mesures renforcées à domicile, avec encore un plan présenté vendredi pour lutter contre les fuites de méthane, M. Biden va surtout insister sur la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, appelant les autres gros émetteurs à en faire autant.
Sur ce dernier point, les vives tensions entre la Chine et les Etats-Unis, respectivement premier et deuxième émetteur mondial - inquiètent.
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, les avait appelés lundi en ouverture de la COP à assumer leur "responsabilité particulière".
Le président chinois Xi Jinping n'a pas fait le voyage de Charm el-Cheikh, mais les deux hommes se rencontreront lundi à Bali, en Indonésie, en marge du sommet du G20.
"Que ce soit les Etats-Unis, la Chine ou n'importe qui, nous devons affronter cette grave crise et agir avec urgence et détermination pour réduire rapidement les émissions", a souligné M. Zaidi.
Avant de s'adresser à la COP, en fin d'après-midi, le président Biden aura un entretien avec son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi.
Selon la Maison Blanche, il évoquera notamment la question des droits de l'Homme et le sort d'Alaa Abdel Fattah, blogueur prodémocratie emprisonné et en danger de mort après sept mois de grève de la faim.
(V.Castillon--LPdF)